Dylan Teuns rêve de s’imposer une seconde fois sur la Flèche wallonne : “Le Mur ne ment jamais !”
Le coureur de chez Israël – Premier Tech, vainqueur sur les hauteurs de Huy il y a deux ans, revient se mesurer à une ascension dont il connaît chaque mètre par cœur.
- Publié le 17-04-2024 à 10h26
”Magnifique !” Quand on demande à Dylan Teuns d’évoquer le Mur de Huy, une étincelle vient allumer le regard Limbourgeois en même temps qu’une note de français colore son discours placide. Vainqueur de la Flèche wallonne en 2022, le coureur de chez de chez Israël – Premier Tech n’était pas revenu défendre son statut de vainqueur sortant l’année dernière par la faute d’une grippe qui l’avait privé du triptyque ardennais. Quinzième de l’Amstel Gold Race dimanche, où il a été “surpris par la course d’attente des favoris”, et deuxième de la Flèche Brabançonne la semaine dernière, le double vainqueur d’étape sur le Tour de France incarnera l’un des plus solides atouts belges en bord de Meuse ce mercredi. Monologue.
La combinaison classiques flandriennes et ardennaises
”J’étais déjà bien dans le coup sur le Nieuwsblad (NdlR : 22e, arrivé dans le groupe pour la 3e place) mais nous avons tenté de bâtir ma condition de manière à être au top du Tour des Flandres jusqu’à Liège-Bastogne-Liège. On a longtemps considéré qu’il était presque impossible de briller sur les pavés et les Ardennaises mais, avec l’évolution de la maîtrise de l’entraînement, ce n’est plus le cas si on construit son calendrier en fonction. Il y a quelques années, entre le Tour de Valence, la Ruta del Sol et Paris-Nice, je me serais sans doute déjà présenté avec une trentaine de jours de course dans les jambes au départ des classiques ardennaises. Ce mercredi, j’épinglerai mon quatorzième dossard seulement. Cela fait une énorme différence…”
L’impitoyabilité du Mur
”J’habite à une septantaine de kilomètres du Mur de Huy seulement mais je ne mets plus très souvent le cap vers la cité mosane à l’entraînement. Hors compétition, je crois que je dois le monter une à deux fois par an tout au plus. Je n’éprouve plus vraiment le besoin d’imprimer des repères dans ma rétine car si je ferme les yeux, je peux faire défiler chaque mètre de cette ascension que je connais par cœur. Le Mur a un côté impitoyable car il ne ment jamais, c’est tout ou rien. Le moindre fléchissement, la moindre faute tactique s’y paie cash ! En 2022, j’ai pu m’appuyer sur des jambes exceptionnelles qui m’ont porté à la victoire mais j’ai aussi connu des moments bien plus difficiles sur ces pentes… J’y ai déjà été ridicule mais je préfère ne pas trop m’en souvenir (rires)…. Avec le Tour d’Emilie qui se conclut par la montée de San Luca à Bologne (NdlR : 2,1 km à 9,4 %), il s’agit indiscutablement de l’une des arrivées les plus exigeantes de l’année. Au bout de ses trois à quatre minutes d’effort extrême, quand on se livre totalement sur la dernière ascension, on a besoin d’aide pour descendre de son vélo et reprendre son souffle tellement les jambes sont envahies d’acide lactique…”
Un combat contre l’adrénaline
”L’ambiance dans le Mur est vraiment géniale. Avec le public en surplomb sur une majeure partie de l’ascension, on a un peu le sentiment d’évoluer dans une sorte de stade. La route est étroite et encaissée et les encouragements y résonnent. Lorsqu’on attaque l’ascension finale, on sent l’adrénaline nous envahir mais la clé est alors de ne pas se laisser griser par un excès d’enthousiasme. Dans le virage en S où est installée la stèle en hommage à Claudy Criquielion, il est essentiel d’être bien placé mais il est encore trop tôt que pour s’y livrer totalement. Si on dispose des ressources nécessaires que pour pouvoir espérer jouer la gagne, c’est à la sortie de cette double courbe qu’il est le plus judicieux de placer son attaque. La dernière montée du Mur, c’est donc un combat contre la douleur, contre soi-même… mais aussi contre l’adrénaline.”
La Doyenne en rêve
”À l’entraînement comme dimanche sur l’Amstel Gold Race, j’ai pu mesurer que la forme était au rendez-vous et que mes sensations étaient excellentes. Je prendrai donc le départ ce mercredi avec l’ambition d’aller chercher un podium que j’espère atteignable, voire mieux… Mais si une seconde victoire sur les hauteurs de Huy me comblerait de bonheur, j’avoue rêver un petit peu plus encore de m’imposer sur Liège-Bastogne-Liège. Si le Tour des Flandres est la course qui a bercé mon enfance, je suis très vite tombé amoureux de la Doyenne et de son parcours une fois que j’en ai découvert les charmes, au milieu de l’adolescence. Ma seconde place sur la version espoirs de la classique ardennaise en 2014 n’a fait qu’exacerber le désir que je nourris sans doute le plus pour ma carrière pro…”